LE PRINCIPE DU PARAPLUIE
La Charte de l’environnement est entrée dans la Constitution Française un lundi 28 février de l’année 2005. Et c’est son article 5, le fameux « principe de précaution » qui, depuis… m’empêche de dormir.

 

Le risque 0, c'est cela la nouvelle religion du début de ce siècle ! 

Mon dieu, pourquoi, oui pourquoi ma mère m'a-t-elle convaincu de faire médecine ?

Car notre métier ne se fait pas sans prise de risque. Le risque avec un grand R est au coeur même de notre profession. Et ... il s'agit maintenant de ne plus en prendre du tout !

AHGHHH ! Nous voici donc tous placés dans une situation littéralement schizophrénique !

Les Académies nationales des Sciences et de Médecine l'avaient prédit dès le mois de mars 2004 en suggérant des « effets pervers susceptibles d'avoir des conséquences désastreuses sur des progrès futurs ».

 

Oui désastreux est le mot. Alors, Principe de Précaution, il faut aujourd'hui changer ton nom. Je te  propose : « Principe du Parapluie », cela te va ?

Quoi tu protestes ? Et pourtant, que de bêtises faites en ton nom « Oh Dieu tout puissant de la Précaution » ! Car imaginer qu'il suffit de s'abstenir d'agir pour éviter toute prise de risque conduit en réalité à prendre… d'autres risques.

Des centaines de millions de pauvres bêtes, vaches- veaux –cochons- t'avaient déjà été données en sacrifice avant même ta promulgation. Les amoureux de la viande s'étaient rabattus en masse sur les gallinacés !

Mais comble de malchance, après les vaches ce furent les poulets ! Des centaines de millions de volailles alors t'ont été immolées. Et tu es devenu célèbre avec ça : les ministres se sont déplacés, escortés de la cohorte de journalistes indispensables, pour se recueillir sur la tombe de chaque canard sauvage ayant décidé de casser sa pipe !

J'allais oublier les OGM : Nous avons chez nous un champion moustachu de la lutte contre cette « menace planétaire ». Vous voyez de qui je veux parler ? S'il n'existait pas il faudrait l'inventer ! Grâce à lui et au bon peuple complètement addict de toi, OH ! Grand Principe du Parapluie, on détruit régulièrement et en toute bonne conscience des champs de maïs et autres agrumes. C'est comme cela qu'on fait avancer le progrès ! Et c'est ainsi qu'on perpétue pour un siècle encore (je suis optimiste) les pesticides et autres saloperies de xéno estrogènes dont ces mêmes OGM auraient sans doute pu nous épargner.

Et l'hépatite B ! On s'en souvient : toujours en ton nom ( hypothèse de 1 à 2 cas d'affection démyélinisante pouvant  être reliées à la vaccination d'une cohorte de 800 000 enfants par classe d'âge), le bon docteur Kouchner, alors secrétaire d'état à la Santé, suspend la vaccination contre l'hépatite B en milieu scolaire. Et encore grâce à toi expose des adolescents à cette méchante maladie avec ses risques d'hépatite fulminante et de chronicité. Là, avoue le, OH grand Parapluie Sacré : on marche littéralement sur la tête !

Et toujours pour toi on a complètement terrorisé la moitié des femmes ménopausées hormonalement traitées de cette planète : le soupçon de 6 cas de cancers du sein pour 100000 femmes traitées par an ont été suffisant pour qu'elles abandonnent leur THS et se pourrissent la vie, s'exposent aux fractures illégitimes, aux dépressions, aux éventuels ruptures pour incompatibilité sexuelle, à l'automédication tant inefficace que coûteuse et éventuellement dangereuse.

On essaie même aussi régulièrement de t'immoler la pilule. Heureusement jusqu'ici en vain. Mais vas- tu encore frapper ici, va-t-on te faire cadeau de quelques milliers d'IVG supplémentaires, de leurs complications éventuelles... ?

 

Veux-tu que je dise ce que je pense vraiment de toi, Oh ! Grand parapluie ?

Excuse ma franchise, pas grand-chose de bien. Tu freines toute entreprise, tu décourages le progrès thérapeutique, tu paralyses l'innovation, tu fais de l'abstention thérapeutique le principe sacré de base des médecins, tu es à l'origine d'un  immobilisme dommageable dans tous les domaines y compris dans la recherche et dans le domaine du médicament.

Vienne vite le temps où conscient de nos responsabilités de médecins, nous pourrons à nouveau conduire nos décisions en n'ayant en tête que la meilleure santé de chacune de nos patientes dans leur individualité.

N'oublions pas que l'attitude d'abstention systématique est fautive au regard de l'obligation de soins que nous leur devons.

Pour finir, mon cher Parapluie, sais-tu pourquoi Louis XIII n'a pris que 27 bains sur une période de 27 ans : c'est en ton nom, OH grand Principe de Précaution, qu'il ne se lavait pas ! A partir du XVIe siècle on ne se lavait plus par peur de la peste, celle-ci étant susceptible de pénétrer par les pores de la peau !

 

Bref, appliquons le principe de précaution au principe de précaution lui-même afin que le soupçon ne  l'emporte pas sur la preuve, que la responsabilité collective ne se substitue pas à la responsabilité individuelle.