DEPRIME ET MENOPAUSE
Il ne s'agit pas ici de la grande dépression du psy­chiatre : on peut encore se lever et avoir des échanges affectifs avec l'entourage. C'est plutôt une démotivation, une morosité, une mélancolie et une tristesse inhabituelles.


Vous êtes nombreuses à vous plaindre amère­ment de ce changement d'humeur. Quant à celles qui ont toujours été fra­giles de ce côté, les choses ne vont pas en s'améliorant. Certaines même plongeront vrai­ment dans la dépression nerveuse au sens psy­chiatrique du terme. On pleure souvent sans rai­son, on prend la mouche, on devient sus­ceptible. Parfois, cette déprime est remplacée par une certaine agressi­vité.

 

Cette déprime devient quelquefois inquiétante et domine tous les symp­tômes de la ménopause. On consulte alors un psychiatre qui prescrit des antidépresseurs qui sont efficaces, mais le fait même de les prendre et d'en avoir besoin n'est pas rassurant. Ils sont parfois très utiles et, à défaut d'estrogènes qui représentent, ici encore, la thérapeutique de choix, ils sont tout de même capables d'éviter la grande dépression. Les estrogènes ont un impact évident sur le cerveau et en particulier sur les structures respon­sables de l'humeur. En leur absence, nombre de réactions biochimiques cérébrales ne se font plus. Les estrogènes ont des actions très intimes avec ce qu'on appelle les neuromédiateurs cérébraux, qui concou­rent à l'établissement de notre bonne ou mau­vaise humeur : la séroto­nine, la dopamine... C'est la raison pour laquelle nous avons sou­vent tendance à considé­rer les estrogènes comme des « antidépres­seurs physiologiques et naturels ». Il existe d'ailleurs certaines analo­gies biochimiques évi­dentes entre les molé­cules des antidépresseurs et les estrogènes physio­logiques naturels. Et l'im­pact sur le cerveau n'est pas seul responsable de cette déprime : les bouf­fées de chaleur, la fatigue, la prise de poids fréquente, les insomnies, les incapacités à faire front à ce qui, hier encore, ne posait pas trop de problème, sont autant d'éléments qui viennent se liguer contre la joie de vivre et l'opti­misme. C'est un tout. Cette dépression, d'ailleurs, vous exclut souvent de la société active. Et bientôt, la conviction qu'il y a une limite d'âge au-delà de laquelle on n'est plus valable explique grande partie cette tristesse, cette impression affreuse de ne plus servir à rien. Et si seulement une femme sur cinq ressent ce grand vide dans la tête en période de périménopause, elles sont une sur trois, une fois la ménopause installée, à se plaindre de ce symptôme.

 

Déprime et prise de poids

 

Les mécanismes qui peu­vent expliquer la prise de poids dans ce contexte sont évidents : le recours à l'alimentation - aliments consolateurs en priorité - est une réponse com­mune à la détresse et à la tristesse. Le sucré console en cela qu'il permet de déclencher, de façon éphémère certes, mais efficace, quelques giclées de sérotonine à l'intérieur de notre cerveau. D'autre part, la prise de poids est certainement l'un des élé­ments les plus généra­teurs de déprime chez les femmes. Le cercle vicieux est ainsi fermé. Difficile, sans traitement adéquat, de s'en sortir !

 

Les traitements de la déprime :

 

Les anxiolytiques : Ce sont des médicaments contre l'angoisse, largement utilisés en cette période. C'est famille des benzodiazépines qui a le plus de succès (Valium, Temesta, Lexomil, Tranxène.. Mais attention : on s'y habitue. Et s'ils peuvent être utiles ponctuellement, pour passer un cap particulièrement anxieux, ils finissent par ne plus être efficaces qu'à des doses croissantes. Il s'agit, à notre avis, d'une réponse inadaptée mais parfois utile à la déprime de la ménopause.

 

Les antidépresseurs : Ils sont trop souvent prescrits par les médecins à cette période de la vie des femmes, alors qu'il suffirait de leur prescrire des estrogènes pour les sortir de cette situation douloureuse. Ils s'atta­quent aux symptômes, et empêchent souvent de basculer dans la dépres­sion ; mais comme la cause persiste (la carence estrogénique), ils ne représentent pas une solution d'avenir.

 

Certains sont suscep­tibles de vous faire prendre du poids (Ana­franil®, Tofranile, Laroxyl®...), d'autres de le respecter, voire de le diminuer, comme certains antidépresseurs libérant de la séroto­nine, et vous évitant donc de vous tourner vers des aliments calo­riques libérateurs de

sérotonine (Prozac©, Floxyfral©... ).

 

Le traitement estroprogestatif de la ménopause :

 

C'est le traitement de choix, s'opposant aux causes de la déprime en même temps qu'il en efface les symptômes. Certaines femmes, qui vivent très mal leur méno­pause, sont sous antidé­presseurs. Le simple fait de prendre des estropro­gestatifs leur suffit souvent à retrouver leur joie de vivre et à abandonner progressivement leurs antidépresseurs.

 

Il est toutefois certaines situations où les antidé­presseurs sont essentiels, en particulier lorsque la carence estrogénique n'a aucune responsabilité dans le développement de la dépression : la carence estrogénique n'est pas la seule cause de dépression féminine, même si elle est importante.

 

Une fois le traitement estroprogestatif installé, il convient de ne pas oublier les autres thérapeutiques antidéprimes que sont le sport, l'entreprise de nou­veaux projets...