C'est une évolution qui semble inéluctable et qui serait pas¬sée, il y a encore quelques années, pour hérétique : " Les règles, c'est : ras-le-bol !", m'a encore lancé sans complexe une jeune femme de 18 ans l'autre jour !
Oui, c'est que l'on entend de plus en plus souvent dans le secret de nos consultations. Il semble que cela soit bien fini les " Il faut bien que j'élimine les toxines !" ou encore "Une femme qui n'a pas ses règles n'est pas une femme !"
La répétition cyclique du phénomène, 12 à 14 fois l'année, génère finalement, au-delà des conditionnements et des mythes, une contrainte dont on souhaite de plus en plus se débarrasser.
Ce saignement est de plus en plus vécu de façon pragmatique. NON ! La féminité et la sexualité ne leur sont pas forcément corrélées. NON ! On n'est pas moins femme si on ne les a pas !
OUI ! La femme est dans ses hormones et non pas dans ses ... règles ! Les voilà, vos nouvelles réflexions, chères patientes en ce début de XXIème siècle. Quoi ? Vous doutez de cette évolution ? Bon, allez ! J'en conviens : elle n'est encore sans doute que le fait des "urbaines". Et dans nos provinces, on attache
sans doute encore beaucoup d'importance symbolique à ce phénomène. Et les vieilles
légendes n'y sont pas encore définitivement éteintes : les histoires de "confitures à ne pas faire ces jours-là" courent encore ! Mais, voilà bien à mon sens des réflexions en voie d'extinction rapide.
Nous autres gynécologues sommes de plus en plus sollicités et ... nous répondons de plus en plus souvent OUI à ces demandes. Nos pilules sont plus volontiers "non-stop" pendant quelques plaquettes. Nous nous efforçons de faire accepter (avec de moins en moins de mal) que les règles disparaissent éventuellement avec nos micropilules, , nos implants contraceptifs Implanon® et autres stérilets à la progestérone Mirena®.
Ce sont les femmes ménopausées qui avaient ouvert la marche il y a déjà plusieurs années avec un concept simple: "Un traitement hormonal, OUI, les règles NON !". "40 ans, ça suffit" disaient-elles déjà tranquillement ! Ce concept sera donc, j'en suis persuadé, bientôt enseigné dans les manuels de gynécologie au chapitre novateur des "Aménorrhées Médicalement Induite (AMI)".
Et aujourd'hui, finalement, la seule vraie question qui vient aux lèvres des candidates de cette AMI est : « Cela ne fait pas grossir, au moins ? » Et cela fera de plus de plus en plus ringard d'évoquer des conséquences de style antédiluvien genre : "Les toxines, la séduction, la féminité, Ia sexualité ...".
II y a 15 ans, avec le Dr+ Jean Cohen, nous avions déjà abordé ce sujet auprès des femmes. Mais, à l'époque, Ie concept n'était pas encore mûr et nous avions suscité des résistances aussi bien auprès des femmes que des collègues de l'époque : nous avions raison, mais "trop tôt".
Maintenant soyons pragmatiques : si vous ne voyez pas d'inconvénients à vos règles surtout ne changez rien bien sur.
Enfin, demandez donc aux hommes s'ils envient ces règles aux femmes. Comme on dit aujourd'hui ha-Ilu-ci-nant celui qui dirait OUI ! Si, par cauchemar, ce phénomène leur était imposé, c'est une évidence : ils feraient tout pour les faire taire, les éliminer, les envoyer au néant. Ouf ! Nous les hommes, nous n'en avons pas : quel soulagement !