C’est bien après l'examen gynécologique, lorsqu'elle s'est rhabillée et que les ordonnances sont rédigées, qu'elle pose la question désormais classique: "Docteur, que pensez-vous de la DHEA ?
J'ai une amie qui en prend et c'est fou ce qu'elle a l'air en forme... !"
Nous vivons à l'ère de la DHEA qui "peut tout faire"... qui... "lave plus blanc que blanc" ! Voilà une molécule qui serait- à entendre nos patientes - capable tout aussi bien de faire repousser les cheveux et les ongles, de vous redonner force et vigueur, de vous faire retrouver une peau de bébé, capable aussi de "booster" votre libido tandis que l'ostéoporose et autres calamités s'éloigneraient à tout jamais.
Bien entendu la réalité est tout autre.
Je fais partie de ceux qui croient fermement que la supplémentation en DHEA a un bel avenir devant elle. Et bientôt, je n'en doute pas, nous supplémenterons nos patientes (sous THS ou non) mais en en connaissant les indications et contre-indications précises, les éventuelles interactions médicamenteuses, les posologies utiles ainsi que les postes particuliers de surveillance.
Mais... à ce jour que de confusions, d'ambiguités, de quiproquos ! Et il aura fallu qu'un fournisseur d'officines pharmaceutiques décide il y a quelques années de "faire un coup" en arrosant toutes les pharmacies de France et de Navarre de la précieuse poudre pour qu'il soit désormais convenu pour le grand public que "la DHEA est désormais bien commercialisée en France"!
Or bien entendu il n'en est rien : la molécule n'a encore déposé à ce jour aucun dossier d'AMM(autorisation de mise sur le marché). Et la prescription magistrale tant sollicitée par nos patientes, procédure d'exception laissée au libre arbitre et à la responsabilité du médecin prescripteur, devrait, superbe entourloupe, remplacer au pied levé l'AMM manquante ???
Certains d'entre nous, je veux croire, une extrême minorité, la prescriront quand même pour ne pas "contrarier" leurs patientes. D'autres, plus crédules tout aussi rares, confondront allégrement les informations délivrées par le journal télévisé de TF1 avec celles - certes plus austères - de nos revues spécialisées. La majorité, j'en suis sûr, saura prendre le temps d'expliquer aux patientes, parfois très revendicatrices qui nous traitent de "ringard", de "réactionnaire" de "très en retard sur les Américains", quand ce n'est pas : "Mais il faut vous recycler, Docteur!"... qu'il faut attendre - pour leur bien - que les procédures de sécurité soient effectuées. Prenons aussi le temps d'expliquer que si les tests sont longs à effectuer c'est probablement aussi que l'industrie pharmaceutique (je ne l'en blâme pas) ne se précipite pas - loin s'en faut - pour dépenser quelques dizaines de millions d'€uros dans une procédure d'AMM, puisque la DHEA "appartient à tout le monde".
Bien sûr, tout cela prend du temps dans la consultation :iI est pourtant urgent d'expliquer à nos patientes... qu'il est urgent d'attendre !