LE VACCIN CONTRE LE CANCER DU COL : UNE REVOLUTION POUR LA SANTE DES FEMMES(voire aussi mon interveiw sur e-sante.com( en page d'accueil)
I HAVE DREAM ….
Oui, Martin Luther King avait un rêve qui se réalise peu à peu, bien après qu'il ait disparu.
Moi aussi j'en avais un lorsque j'ai commencé à faire notre métier : que l'on puisse un jour vacciner contre les cancers. Et ce rêve « just came true » ! Aujourd'hui nous disposons du premier vaccin de l'histoire de la médecine indiqué dans la prévention du cancer du col de l'utérus (*) !
Ce cancer n'a qu'à bien se tenir car son vaccin prend place dès à présent dans les pharmacies. Il tue encore 1000 Françaises par an : les frottis étant moins nombreux elles étaient 2000 il y a encore 20 ans !
Tout est allé très vite en ce domaine et un autre vaccin concurrent sera probablement disponible dans les quelques mois à venir : il cible les HPV (papillomavirus) de type 16 et 18 responsables de 70% des cancers du col.
Dans 20 à 30 ans l'immense majorité des adolescentes d'aujourd'hui seront donc indemnes de cette sale maladie qui de surcroît s'attrape par le sexe.
Oh ! Bien sûr les premiers vaccins anti HPV ne protégeront pas encore à 100% car ils ne confèrent d'immunité que contre les virus de type 16 et 18 impliqués dans 70% des cancers du col : ainsi par exemple les virus de type 31 et 45 continueront encore pour un temps leur sale besogne bien que des données encore très préliminaires (la preuve clinique manque) suggèrent que le vaccin pourrait aussi prévenir les infections de ces 2 types HPV responsables de 8 à 9% des cancers du col.
Je fais confiance à l'industrie pharmaceutique, elle ne s'arrêtera pas maintenant en si bon chemin et on peut espérer à terme des vaccins concernant tous les types de HPV cancérigènes.
Alors comment allons nous faire en pratique de tous les jours ?
Car bien sûr vous avez déjà commencé, pour la majorité d'entre vous, votre vie sexuelle et vous avez déjà été ou serez exposées aux HPV : on ne sait pas encore bien l'attitude vaccinale à avoir dans ce contexte. Il va pourtant falloir rapidement se préparer à vous répondre intelligemment et au quotidien.
Car il y a celles 'entre vous, très majoritaires, qui ont déjà à leur insu totale et à la nôtre rencontré un HPV mais qui ont su magistralement s'en débarrasser : la vaccination leur conférera t-elle un bénéfice à ces femmes à l'immunité naturellement efficace anti HPV.
Car il y a celles aussi qui ont déjà présenté des lésions précancéreuses du col traitées en leur temps: le vaccin aura-t-il un intérêt chez ces femmes ? Sans doute, mais les preuves manquent encore sur ce point.
Oui, les questions posées par ce progrès décisif ne manquent pas.
Et nous, et nous, arrêterons-nous, devant ce rêve qui devenu réalité, de faire les frottis de dépistage ? Nous en faisons 6 millions par an et c'est insuffisant puisqu'il en faudrait près de deux fois plus : 40% des femmes âgées de 20 à 49 ans n'ont jamais fait de frottis !
Non, deux fois Non :
1 / Non car les vaccins ne protégent pas à 100% puisque, s'ils s'opposent à 70% (au moins) des HPV cancérigènes (16 et 18), ils ne s'intéressent pas à tous les types d'HPV cancérigènes. Restent les types…. 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52,56 et 58.
2 / Non car toutes les femmes non vaccinées avant leurs premiers rapports sont à risque : la vaccination prévient les lésions dues aux virus mais ne les traite pas.
C'est donc une véritable révolution annoncée de nos pratiques.
Une révolution à laquelle il faudra tous et toutes s'adapter rapidement. Le moins que l'on puisse dire est que l'environnement médical et social est très peu préparé à l'ère vaccinale du cancer du col : nous, les gynécologues et vous les femmes avons dès à présent un rôle fondamental à jouer en ce domaine.
(*) Et aussi les lésions précancéreuses du col de l'utérus et de la vulve et les verrues génitales