Docteur, vous me faites très mal !
Peu d'entre nous ont été formés et enseignés par nos maîtres à considérer les douleurs de nos patientes comme des maladies à part entière avec leurs explications et leurs traitements spécifiques.
Nous considérons par
ailleurs trop souvent que la douleur est la rançon inévitable de nos actions, de nos gestes et projets de traitements et faisons mine d'oublier que nous vous faisons souvent vraiment mal quand on vous examine, ou encore lors de la pratique de divers examens nécessaires au diagnostic ou encore à l'appréciation de l'efficacité de nos thérapeutiques. « Mais non cela ne fait pas mal, voyons madame » !
Combien de patientes nous sommes nous allés à qualifier de « douillettes » sinon de « pusillanimes » car sous nos mains pourtant si expertes elles s'étaient laissées aller à exprimer leur douleur : accepter l'idée que l'on fait mal nous serait tellement moralement insoutenable ! Avez-vous remarqué, ici encore, comment les femmes sont mal loties par les sociétés et les cultures ? Oui car elles ont à toujours tenté de normaliser les douleurs féminines comme si elles étaient intrinsèques à la nature même féminine !
En quelques sortes une fatalité inhérente à la féminité ! Ouille, une douleur de prostate, oui, ça fait vraiment mal, nul doute ! Mais une douleur utérine, bof, ce n'est pas si terrible que ça à supporter estime la rumeur populaire ! Les douleurs de règles, les migraines menstruelles, et encore les douleurs pendant les rapports et autres douleurs de sein ne sont pas vraiment vécues ni par la société ni même souvent par les médecins comme des douleurs d'estomac ou de dos par exemple.
N'est-on pas allés jusqu'à mystifier les femmes quant aux douleurs de l'accouchement en voulant les persuader qu'il s'agissait de « bonnes douleurs » (!).
Les médecins doivent changer leurs mentalités et accepter de considérer les douleurs de leurs patientes comme de véritables maux à combattre par tous les moyens : ceux-ci existent, il suffit simplement d'avoir envie de les employer.