Le mot césarienne ne vient pas de César comme on pourrait l’imaginer mais plutôt du verbe caedere (du latin : couper). Il s’agit en effet de couper la paroi de l’utérus afin d’extraire l’enfant qui pour une raison ou pour une autre ne peut, sans danger, rester plus longtemps à l’intérieur de l’utérus maternel.
Y a-t-il des pays où l'on fait plus de césarienne qu'ailleurs ?
Oui, certainement. Au Brésil par exemple, il y a certaines provinces où l'on rencontre plus d'une césarienne pour deux accouchements !
Ailleurs, par exemple aux Etats-Unis, on assiste à une explosion du nombre de césarienne strictement proportionnel au risque de procès intentés par les mamans mécontentes de la façon dont leur enfant est né par les voies naturelles.
En France, nous sommes dans la bonne moyenne et l'on peut dire que le taux de césarienne s'approche très certainement du chiffre idéal, encore que l'on puisse assister à certaines différences notables selon les régions et les équipes médicales.
Quelle anesthésie ?
L'anesthésie générale est celle qui fut le plus longtemps employée pour la césarienne. Aujourd'hui une préférence nette est donnée, en terme de fréquence, aux anesthésies péridurales. Cette façon de faire permet de ne pas priver la maman de l'un des moments les plus émouvants de sa maternité, celui d'une intense émotion contemporaine de la naissance de son enfant.
Bien réalisée, en des mains expertes, cette anesthésie péridurale fait courir moins de risques et à la maman et à son enfant que l'anesthésie générale.
Comment se fait-il que pour certaines femmes la décision de césarienne puisse être prise dès le début de la grossesse ?
Comme je l'ai expliqué plus haut, de nombreuses indications de la césarienne ne se posent qu'au moment même de l'accouchement (contractions inefficaces, événements inattendus, …). Il en est un certain nombre qui sont immuables : les femmes dont on a reconnu le bassin trop étroit pour laisser passer l'enfant, celles dont la situation de santé est a priori incompatible avec le déroulement de l'accouchement normal. Enfin les obstétriciens sont assez favorables à la mise en œuvre d'une césarienne quasi-systématique (quasi ne veut pas dire certainement) pour ce que l'on pourrait nommer des « grossesses précieuses ». Ce qualificatif peut sembler choquant mais il y a des grossesses que l'on est vraiment jamais sûr de pouvoir remettre en route (comme celles par exemple survenues après de longues années de stérilité ou encore chez les femmes ayant dépassé 40 ans…).
Deux grandes circonstances :
- la santé de la maman est en jeu et elle n'est pas capable de subir l'épreuve de l'accouchement. Un accouchement dure plusieurs heures et demande une dépense d'énergie considérable. C'est le cas par exemple des mamans cardiaques ou encore lorsqu'elles présentent un syndrome de toxémie gravidique (hypertension artérielle de grande gravité et pour la maman et pour le bébé), maladies et infirmités diverses. La césarienne est choisie à chaque fois que l'on estime que l'on prend plus de risque à laisser l'accouchement se dérouler de façon naturelle que de mettre en œuvre une césarienne.
- lorsque l'enfant est jugé prendre un risque inacceptable si on laisse l'accouchement se dérouler de façon spontanée : le placenta praevia (le placenta est juste devant le col et en obstrue la sortie : hémorragie gravissime pour la maman et pour l'enfant si l'accouchement se déroule par les voies naturelles) la souffrance fœtale d'origines diverses, bébé prématuré, problème de cordon, accouchements qui traînent en longueur et qui mettent en péril ses fonctions vitales … etc.
Dans certains cas, la césarienne est décidée car l'accouchement ne peut se dérouler par les voies naturelles dans les conditions normales au risque de mettre la vie sinon l'intégrité physique ou mentale du bébé en jeu : présentation anormale de l'enfant, bassin de la maman trop étroit pour le laisser passer … .
Lors de ces circonstances que l'on appelle maternelles ou fœtales, la césarienne est un geste de vie. Elle permet de terminer rapidement l'accouchement et d'épargner aussi bien à la maman si nécessaire qu'à son enfant, un événement long et dangereux pour leur santé.
Une première césarienne implique-t-elle toujours que l'on ne pourra pas accoucher ultérieurement par les voies naturelles ?
Tout dépend de la raison de la césarienne. Telle femme ayant un bassin trop étroit ne pourra jamais accoucher par les voies naturelles, telle autre dont c'était l'enfant qui présentait des signes de grande faiblesse lors d'une première grossesse pourra accoucher par les voies naturelles si tout se passe bien. Encore faut-il que l'obstétricien apprécie la capacité de l'utérus à soutenir les formidables contractions de l'accouchement. Et il faut que la cicatrice utérine de la première césarienne soit suffisamment solide pour ne pas induire un risque de déchirure.
LA CESARIENNE ET LA RELATION MERE-ENFANT
Lorsque les femmes dormaient sous anesthésie générale et découvraient leur enfant plusieurs dizaines de minutes voire plusieurs heures après tout le monde, il y avait évidemment beaucoup de déception et de frustration à la clé. Aujourd'hui que les césariennes se font quasiment toujours sous anesthésie péridurale, ce sentiment d'être la dernière au courant a pratiquement disparu.
Il n'en reste pas moins que la cicatrice fait mal pendant quelques jours, que les gaz intestinaux signant le retour du transit provoque nombre de coliques … tout cela fait que la jeune maman n'est pas forcément le plus en forme pour accueillir et faire la fête à son bébé.
Mais tout rentre en général parfaitement dans l'ordre dans les quelques jours qui suivent la naissance et, à mon avis, la césarienne a désormais fini d'agresser psychologiquement la relation mère-enfant !
Vous devez avoir affaire à un chirurgien expérimenté capable de se débrouiller lors de n'importe quelles complications éventuelles. Une fois la peau incisée puis la couche de graisse sous cutanée, il incise les muscles du bas ventre puis finalement les parois de l'utérus en sa partie basse au-dessus du col, puis il aspire la poche des eaux en quelques secondes et fait sortir à la main le bébé attaché à son cordon lui-même relié au placenta qui sera aussi évacué rapidement de l'utérus. La suite consiste à recoudre le tout dans l'ordre inverse : utérus, paroi musculaire, sous-peau, peau … .
Aujourd'hui les chirurgiens obstétriciens, sauf urgence extrême, font une incision de Pfannenstiel : horizontale, à la base du triangle des poils pubiens de telle manière que la cicatrice deviennent invisible ultérieurement. Les travaux de « couture » et de réparation sont essentiels et doivent être faits dans le calme et en prenant tout son temps : de la qualité de ces sutures dépend principalement la solidité de l'utérus qui sera éventuellement capable d'abriter et de permettre à une nouvelle grossesse de se développer voir même (une fois sur 2) d'autoriser un ou plusieurs accouchements par les voies naturelles.