Stérilité masculine
Si ce n'est toi, c'est peut-être moi ?
On doit en convenir : près d'une stérilité sur deux est due à l'homme. Et il faudra bien, à un moment ou à un autre, que votre partenaire, lui aussi, affronte en personne le circuit des investigations. Si celui-ci est « riche » en ce qui concerne l'organisme féminin, il est en revanche particulièrement restreint lorsqu'on veut chercher la vérité du côté masculin : il n'y a pas de « cycle » détectable, il n'y a pas d'équivalent de la courbe de température, chez l'homme, qui permette un premier palier d'investigation. Bien sûr, l'hypothalamus, par l'intermédiaire de l'hypophyse, envoie ses ordres aux testicules... mais, à part cette analogie, que d'inconnues et que de tâtonnements.
Chez l'homme, l'opacification des « conduits » est extrêmement difficile et, qui plus est, dangereuse. L'intérêt des dosages hormonaux (sauf en ce qui concerne les FSH et LH) est très restreint. Quant à la biopsie testiculaire, les résultats en sont souvent bien décevants. Il reste le spermogramme, qui est le seul examen permettant actuellement d'explorer la fécondité d'un homme.
Ce que révèle le spermogramme :
En préambule à notre discours technique, nous voudrions préciser ceci : la masturbation est le seul et le meilleur moyen pour obtenir un sperme facilement interprétable. Et il est navrant de constater combien ce détail fait souvent échec à la suite des événements tant la chose parait insurmontable à l'intéressé ! Il faut pourtant que nous le répétions : il n'y a pas d'autre moyen. « L'opération » peut se faire au laboratoire (auquel cas le sperme, recueilli dans une fiole spéciale, est immédiatement confié au médecin biologiste), ou chez soi (le sperme est alors transporté le plus vite possible au laboratoire dans une boîte isothermique). En tout état de cause, il ne doit pas se dérouler plus d'une heure entre l'éjaculation et la remise du sperme au laboratoire. L'abstention sexuelle avant l'examen est de trois jours.
Le sperme peut, à la rigueur, être recueilli lors d'un rapport sexuel soit dans une fiole spéciale, soit dans un préservatif. Ce n'est toutefois pas l'idéal, car on ne recueille pas toujours ainsi la totalité de l'éjaculation, et l'on peut craindre dans le cas du préservatif que le latex n'altère les spermatozoïdes. Le spermogramme ne donne alors pas des renseignements d'une parfaite fiabilité.
Quels sont donc ces renseignements, précis et précieux, fournis par le spermogramme ?
D'abord, le volume du liquide séminal libéré par l'éjaculation : la normale est comprise entre 2 et 5 cm3. Ensuite la mobilité des spermatozoïdes (supérieure à 60 % au bout d'une heure et à 50 % au bout de quatre heures), leur vitalité (90 % pour la normale), et leur nombre (entre 60 et 200 millions par cm3), ainsi que le nombre des « anormaux » (la proportion ne doit guère dépasser 30 % ou 40 % et, le cas échéant, la nature de l'anomalie en cause.
D'autres facteurs sont appréciés :
- les agglutinats : ce sont des « grappes » de spermatozoïdes agglutinés les uns aux autres
- le fructose : c'est du sucre ; il est normalement présent dans le sperme et on peut le doser : le taux normal est compris entre 2 et 3 g/1;
- le pH: c'est le taux d'acidité ; il est normalement situé entre 7 et 8 ;
- la viscosité : elle est évaluée comme normale ou élevée. Il est évident que le spermogramme ne représente qu'un instantané de la fonction testiculaire, et que sa « normalité » - variable selon les cas et les individus - est très difficile à établir.
Les autres examens masculins
Par rapport aux « explorations » féminines dont dispose la médecine, il faut bien avouer que les moyens d'investigations de la fonction reproductrice de l'homme sont misérables ! Mis à part le spermogramme, plusieurs examens néanmoins sont réalisables.
• Le caryotype : c'est l'étude et l'établissement d'une « carte » chromosomique. Il est assez rarement demandé. La découverte d'une anomalie chromosomique met évidemment fin à tout espoir de fécondité.
• La biopsie testiculaire : de petits fragments de testicules sont prélevés (sous anesthésie générale) aux fins d'analyse. L'examen est censé révéler les éventuels défauts de « fabrication » des spermatozoïdes.
• La radiographie de l'appareil génital : elle est peu recommandée, car elle provoque parfois infection ou obturation.
• La « culture » du sperme : son but est de déceler les germes qui pourraient habiter le sperme. En fait, l'examen est peu fiable, car on ne sait jamais si les germes en question n'ont pas été introduits de l'extérieur lors du prélèvement.
• Les dosages hormonaux : le seul intéressant est le dosage des FSH et LH (ordres hypophysaires aux testicules). Ce sont des dosages plasmatiques, comme celui de la testostérone et des estrogènes plasmatiques fabriqués par les testicules. On effectue également le test au LHRH : il consiste à injecter dans une veine de l'avant-bras les ordres hypothalamiques (que l'on sait maintenant synthétiser) et à doser la FSH et la LH que l'hypophyse sécrète en réponse. Il est évident que cette réponse est augmentée, et l'on en tient compte. Il n'empêche que la variation des réponses de l'hypophyse à la stimulation directe du LHRH donne une bonne appréciation sur le fonctionnement de l'hypophyse et de l'hypothalamus et sur l'origine du trouble testiculaire révélé le cas échéant par le spermogramme.
• L'examen au doppler : cet examen aux ultrasons permet de se faire une idée exacte de l'état veineux des bourses des testicules. Le doppler est parfaitement capable de mettre en évidence une varicocèle que l'examen clinique n'aurait pas révélée. Le doppler est d'ailleurs utilisé dans d'autres pathologies veineuses (insuffisance veineuse des jambes ou certaines pathologies vasculaires artérielles).
• Ajoutons enfin à cette batterie de tests, le dosage de la prolactine, hormone d'origine hypophysaire susceptible de provoquer chez l'homme un abaissement du désir sexuel, ainsi qu'un abaissement en nombre et en vitalité des spermatozoïdes.
Toutefois, répétons-le : ces examens restent du domaine accessoire. Ils sont de réalisation peu courante et comportent de nombreuses inconnues.