Connu depuis l'Antiquité, son principe est très simple : il s'oppose à la pénétration du sperme dans les voies génitales féminines.
Une efficacité de 100 %... si la méthode est bien utilisée et les conseils d'utilisation respectés. Il existe cependant certains échecs, qui découlent de deux grandes causes, d'importance très différente.
- Dans des cas extrêmement rares, le préservatif éclate. (Un cas pour mille unités vendues.) Un accident réparable, nous le verrons, par les méthodes dites « du lendemain ». Dès lors, on peut affirmer que cette méthode est, en soi, sûre à 100 %.
- En fait, les échecs découlent surtout du mauvais emploi du préservatif. Soit que le couple ne l'utilise que pendant les périodes supposées « dangereuses », soit que l'homme ne le mette qu'en fin de rapport. Le rôle du préservatif pourrait alors se comparer à celui de la méthode du retrait, mais « sans retrait ».
N'oublions pas en effet qu'une première émission de quelques gouttes de sperme se produit souvent avant l'éjaculation définitive.
Les échecs de cette méthode ne tiennent donc pas à des vices de forme techniques, mais bien plutôt à une mauvaise mise en pratique. Cette constatation permettait au Westinghouse Population Center de conclure, après une étude internationale : « Parmi les populations qui se servent de préservatifs à des fins contraceptives, la réponse type d'un bout à l'autre des huit pays testés a été que ce n'est « pas très souvent » qu'on les utilise. Et donc, seules une meilleure information du public et une plus grande diffusion permettront au préservatif de concurrencer la pilule et le stérilet. Car si le produit lui-même ne saurait être mis en cause, en revanche les habitudes socioculturelles et les motivations profondes de chaque couple entravent encore sa promotion. »
MES TROIS « RÈGLES D'OR » DU PRÉSERVATIF :
• Le placer avant toute pénétration ;
• Le manipuler avec des gestes doux, en évitant les ongles, pour ne pas en affaiblir la texture ; • Se retirer immédiatement après l'éjaculation, afin de ne pas le laisser « flotter » dans le vagin.
Les avantages du préservatif
Si vous avez lu ce qui précède, vous savez maintenant qu'ils sont nombreux :
- Léger et peu encombrant, il se glisse dans une poche et s'emporte partout.
- Il s'achète dans tous les pays du monde.
- Son utilisation ne demande aucune intervention médicale ; ni contrôle biologique, ni examen clinique.
- Il assure, nous l'avons dit, une très grande efficacité contraceptive, sans intervenir sur aucun des rouages physiologiques, masculins ou féminins. En quelque sorte, il réalise une contraception « écologique ». On a d'ailleurs remarqué que les adeptes du préservatif, qui vivent essentiellement en milieu urbain, ont déjà fait l'expérience d'autres méthodes et ont entrepris une réflexion approfondie sur le choix qu'ils désiraient faire dans ce domaine. Dans le cadre de campagnes nationales ou internationales, le préservatif, accessible à tous, représenterait sûrement un des meilleurs moyens de lutte antivénérienne.
- Il reste encore aujourd'hui l'unique méthode réversible à la disposition des hommes à ce titre, il permet seul le partage au sein du
couple de la responsabilité contraceptive. Or, dans leur ensemble, les femmes réclament, revendiquent même, et de plus en plus, des techniques masculines efficaces. Mais, dans ce domaine, affirment-elles souvent, il n'existe rien ! C'est oublier le préservatif qui apparaît tout à fait digne d'intérêt.
- Il permet au couple de vérifier, dès la fin de l'acte sexuel, si la contraception a été assurée de manière efficace ; s'il constate la moindre défaillance, il pourra y pallier grâce aux méthodes « du lendemain.
- Il améliore parfois certaines insuffisances sexuelles, et notamment l'éjaculation précoce (hyperexcitabilité masculine qui aboutit à une éjaculation presque immédiate). Cette action s'explique facilement : les préservatifs épais (entre 0,07 et 0,09 millimètre) diminuent le contact intime et donc la sensibilité de la verge.
- Il constitue un excellent moyen de remplacement au cours de toutes les périodes où la femme ne peut elle-même adopter de méthode contraceptive (allaitement, accouchement récent, interruption de grossesse...).
- Enfin, il ne réclame aucun préparatif, aucune prévision : il ne se dissocie pas dans le temps de l'acte sexuel lui-même.
Les résistances au préservatif
Là encore, la peur de l'échec constitue une barrière importante. Or, dans ce domaine, nous avons une certitude : les défaillances de la méthode tiennent beaucoup plus à une mauvaise utilisation qu'à un défaut technique du préservatif. Et répétons-le : dans les cas exceptionnels d'éclatement, les couples auront recours sans problème aux méthodes « du lendemain ».
Une autre accusation semble très répandue : le préservatif dépoétise l'acte, impose une interruption qui nuit à l'harmonie des rapports. En effet, il ne peut se placer que sur une verge en érection et même, en théorie, quelques secondes seulement avant la pénétration. Mais pourquoi ne pas inclure ce moment dans les « jeux de l'amour » ? La partenaire féminine, certains auteurs l'ont proposé, peut très bien mettre en place elle-même le préservatif. Les prémices, les caresses n'en seront que plus longues et l'homme prendra sans doute mieux conscience de leur importance.
Au XVIIème siècle, Madame de Sévigné, écrivant à sa fille, la mettait en garde contre les préservatifs, « cuirasse contre l'amour, toile d'araignée contre la vérole ». Elle insistait ainsi
sur un de leurs inconvénients : sans aucun doute, ils diminuent un peu les sensations et empêche le contact le plus intime. Pourtant, si Madame de Sévigné vivait à notre époque, n'aurait-elle pas renversé son argumentation et défini cette méthode comme « un bouclier contre la vérole » et seulement « une toile d'araignée contre le plaisir ». Car dans ce domaine, nous l'avons dit, le choix est grand : l'épaisseur des préservatifs varie considérablement selon les marques et suivant les pays. Elle diminuera sans doute encore : les expériences effectuées au Japon avec des latex extrêmement fins (moins de 0,03 millimètre) n'ont pas mis en évidence de risque supplémentaire d'éclatement, au contraire, et les ventes ont enregistré un bond spectaculaire. Cette frustration, d'ailleurs commune, du contact intime total se fondait sans doute autrefois sur des sensations réelles ; aujourd'hui, étant donné les progrès techniques réalisés, elle ne semble plus trouver son origine dans le domaine psychologique :
• Certaines femmes se plaignent de ne plus ressentir la pulsion du sperme chaud sur leur col et dans leur vagin. Ici joue sans doute la sensibilité propre à chacune d'entre elles. En revanche, elles éprouvent normalement le rythme des saccades musculaires du pénis au moment de l'éjaculation.
• L'usage du préservatif s'accommode mal d'un défaut de lubrification vaginale. Il faut donc utiliser des lubrifiants ou prolonger les préludes amoureux. Et là, il ne s'agit pas en soi d'un inconvénient!
• Une femme peut éprouver une grande inquiétude à ne pas maîtriser personnellement le phénomène de la reproduction : elle n'accorde aucune confiance à son partenaire. Un sentiment difficile à combattre en raison de sa complexité.
• Il arrive que les lubrifiants ou les spermicides utilisés pour le conditionnement et l'usage des préservatifs entraînent de petits phénomènes d'allergie et d'intolérance des muqueuses. Il suffit en général de changer de marque pour les voir disparaître.
• Le couple, même s'il accepte bien par ailleurs cette méthode, lui reproche parfois d'imposer le retrait immédiat après l'éjaculation il se sent frustré de l'apaisement et de la sérénité des quelques instants qui suivent l'étreinte. Cet inconvénient existe et n'a pas, hélas, de solution.
Le préservatif a encore « mauvaise presse », mauvaise réputation. Son image même de lutte anti-maladies sexuellement transmissibles le marque profondément et dissuade nombre de couples de l'utiliser comme méthode contraceptive seule. Son nom d'ailleurs évoque le sida, les risques de l'amour, la défiance, la prudence... Toute notion fort étrangère à l'acte d'amour. Les hommes hésitent encore à acheter eux-mêmes leurs
préservatifs: Les fabricants, qui ont bien compris, placent de plus en plus souvent dans leurs boîtes des bons de commande qu'il suffit de présenter au pharmacien. Il existe même des circuits très complets de vente par correspondance. Pourtant, certains pharmaciens offrent aux acheteurs potentiels des présentoirs bien en vue sur le comptoir.
Les pouvoirs publics ont tenté, tentent encore avec une certaine efficacité de renverser l'image de marque négative du préservatif. Les nombreuses publicités, spots télévisés (rendus possibles grâce à l'abrogation de la loi interdisant la publicité pour les moyens de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles) l'ont très largement banalisé, familiarisé et intégré à notre vie quotidienne. Mais - et c'est une lacune - la loi interdisant la publicité pour les produits contraceptifs étant toujours d'actualité (!), le préservatif n'a pu profiter de ces campagnes pour s'imposer comme une méthode contraceptive sûre et disponible.
La Suède, elle, dès 1970, abroge la loi qui interdisait toute publicité pour les contraceptifs. En juin 1972, elle est le premier pays à promouvoir un « mois national du préservatif ». Dès cette époque, les arguments de vente mettaient l'accent autant sur le moyen de lutte anti-MST que sur le produit contraceptif naturel, écologique. Les différentes marques avaient d'ailleurs choisi des emblèmes évocateurs des abeilles, des fleurs !
Reste un dernier problème déjà évoqué et bien pratique cette fois : la Sécurité sociale ne rembourse pas les préservatifs. Cette situation peut représenter un problème financier pour les couples et en particulier pour les adolescents aujourd'hui les plus gros utilisateurs de préservatifs dans notre pays.
L'expérience du préservatif « à 1 franc » allait dans le bon sens. Son succès indiqua que les responsables de santé publique en charge de ces problèmes avaient mis dans le mille. On ne peut que regretter aujourd'hui les prix largement prohibitifs des préservatifs mis à disposition des utilisateurs potentiels.
Finalement, seul un changement radical des mentalités pourrait parvenir à ce que les jeunes perçoivent le préservatif comme une méthode de contraception moderne et majeure.
Très fortement perçu comme moyen de lutte anti-MST, le préservatif garde encore - faute d'informations précises et généralisées sur ce sujet - une image relativement floue de moyens contraceptifs et en particulier chez leurs principaux utilisateurs, les adolescents.
Une récente étude faite en Haute-Vienne, en France (1996), nous rassure quant à ses premiers résultats : 81 % des jeunes filles ont utilisé le préservatif lors des premiers rapports. Mais ce pourcentage chute avec le temps : le comportement adopté pour le premier rapport n'est en rien significatif de ce qui sera ultérieurement fait. Les campagnes médiatiques ont surtout réussi à stigmatiser « la première fois ». Ensuite... les couples se comportent selon leur niveau d'information, de culture et de responsabilité. Certes, une partie des jeunes filles ayant abandonné le préservatif se tournent vers l'utilisation de la pilule. Mais cette pilule sera la plupart du temps utilisée de façon sporadique et les nombreuses grossesses involontaires survenues le seront du fait d'erreur et d'incompréhension de la technique.
Dans l'étude précitée, une adolescente sur dix utilisait une « double protection » (pilule plus préservatif). Chez les adolescentes ou les femmes ayant des partenaires multiples occasionnels, ce chiffre devrait augmenter pour le bien de tous : nous devons en effet aujourd'hui nous préoccuper très sérieusement de cette double protection et la promouvoir par tous les moyens modernes de communication. Cela suppose l'abrogation de l'article de loi qui interdit la publicité pour les contraceptifs. Cette double protection permettrait non seulement d'éviter évidemment la contamination infectieuse (VIH, hépatite B en particulier), mais aussi de réduire notablement le nombre d'interruption de grossesse dans notre pays. Une idée forte doit aujourd'hui émerger lorsqu'il y a rupture de préservatif (ou non utilisation de préservatif) il y a bien plus de risques de grossesse involontaire que de risques d'être contaminé par un germe quelconque. Car il y a heureusement infiniment plus d'hommes fertiles que d'hommes contaminés !