C’EST QUOI L’AMOUR ?
Non rassurez-vous, je ne parle pas du coup de
foudre que vous auriez pu avoir pour la
dernière Peugeot 207 ou pour l’écran plasma
de “vos rêves”.
Je vous parle ici du vrai de
vrai, de celui qui foudroya Roméo et Juliette au
bal des Capulet, de celui qui déchira Tristan et
Iseut ou plus près de nous encore celui du
Fabuleux destin d'Amélie Poulain.
Bref, je veux parler ici de la victoire de notre
cerveau "hormonal" émotionnel sur notre
cerveau "câblé" cortical.
Question D'IMPORTANCE : l'Amour Passion
se résumerait-il à de simples équations
biologiques ? Nul doute que notre
hypothalamus y est vraiment pour quelque
chose.
L'hormone lulibérine est bien là qui submerge
le cerveau de nos amoureux passionnés.
Comptez aussi avec la dopamine, l'hormone
du plaisir, de la récompense et de la
motivation. Elle est encouragée en diable par
ses meilleurs stimuli, le désir et le plaisir
sexuels — eux-mêmes "allumés" et entretenus
par les hormones androgènes circulantes —
sous contrôle hypothalamique via l'hypophyse.
Ah ! N'oublions pas nos phéromones, ces
substances volatiles perçues à notre insu par
notre organe voméronasal. Jean-Baptiste
Grenouille, le héros du livre chef-d'oeuvre de
Patrick Süskind, Le Parfum, en avait percé les
secrets. En créant un parfum lui permettant de
dominer et de se faire adorer de tous : il avait
bien compris que "qui maîtrisait les odeurs,
maîtrisait le coeur des hommes". Ajoutez à ce
cocktail d'amour sur filigrane neurochimique
une généreuse pincée d'endorphines qui en
inhibant la libération du GABA stimule les
neurones dopaminergiques et augmente donc
d'autant le désir. N'oubliez surtout pas deux ou
trois gouttes de PEA (phényléthylamine), le
bien nommé "peptide de l'amour" qui est à la
passion ce que les endorphines sont à l'amour
: sous PEA, notre noradrénaline explose
littéralement alors comme… une
amphétamine.
Bon, mais nous voici pour autant
définitivement convaincu(e)s que nos émotions
ne sont que vulgaires giclées cérébrales de
médiateurs chimiques ? Et d'ailleurs, sont-ce
les émotions qui libèrent cette soupe
neurobiologique ou la "soupe" elle-même qui
crée les émotions ? Big Question ! Initiée par
William James dès … 1884 !
Puis, un jour, l'effet coup de foudre refroidit.
Par manque ou tout simplement par
épuisement de l'action des "combustibles
neuromédiateurs". Le réseau cérébral câblé —
la raison — l'emporte. Notre éventuel
attachement amoureux à l'autre ne serait alors
que le résultat d'une "addiction" à nos
"endorphines d'amour" : nous devenons alors
des toxicos de l'amour ! Et la vasopressine du
mâle campagnol des plaines (!), l'ocytocine de
sa femelle qui les rend fidèles jusqu'à la mort a
sans doute leur équivalent dans l'espèce
humaine !
Je veux donc rassurer ici les romantiques et
ceux qui croient en une spécificité humaine au
sein du règne animal : notre "pensée", notre
"cortex" reste finalement le grand maître du jeu
: c'est bien lui qui passe toutes ces émotions
au tamis de son filtre : il planifie imagine, les
interprète, crée alors … grâce à lui, nos
émotions et passions amoureuses, parce
qu'humaines, finissent par dépasser la simple
finalité reproductrice. Oui, notre cerveau
"câblé" cortical (si vous préférez : "neuroné,
synapsé") dialogue constamment avec notre
"cerveau émotif" soumis aux pulsions
émotionnelles neuro-hormonales, puis fait la
synthèse, en fonction de son expérience
antérieure, de sa mémoire et de son attente.
Ouf, nous ne sommes donc décidément – pas
- des…… bêtes !