La mammographie : l’examen « Gold Standard »
De quoi s'agit-il ?
C'est l'examen des seins aux rayons X. Il s'effectue avec des appareils qui délivrent un rayonnement extrêmement faible (low dose). C'est dire que, même si vous deviez subir une mammographie tous les trois mois (!), ce qui, je vous rassure, n'aurait aucun sens du point de vue médical, vous n'exposeriez pas vos seins à un quelconque risque.
Pourquoi
La mammographie permet de « voir » la glande mammaire, ses multiples enchevêtrements, ses éventuelles anomalies. Il s'agit d'un examen difficile à réaliser si l'on exige une bonne qualité. Il n'est pas si facile à lire dans la mesure où l'on ne radiographie pas un seul tissu (comme l'os du fémur par exemple) mais une multitude d'éléments tissulaires que la radio superpose sur le même plan : la glande mammaire, ses canaux transporteurs de lait, ses vaisseaux sanguins, le tissu conjonctif, le tissu graisseux et enfin la peau. Disons tout de suite que la mammographie donne des images souvent ininterprétables chez les femmes jeunes : la glande et son tissu conjonctif sont si riches, si denses, que la radio obtenue est quasi illisible (tout du moins pour un diagnostic fin). Progressivement, au fil des années, mais ici aussi comme ailleurs, avec des variations individuelles importantes, la glande mammaire va perdre de sa densité, le tissu graisseux va remplacer peu à peu le tissu glandulaire et conjonctif : la radio va donner des images de plus en plus nettes, de plus en plus « lisibles ». On dit par exemple que les seins de femme âgée (par exemple après 70 ans) sont « radio transparents », c'est-à- dire que la glande ayant totalement disparu on ne radiographie pratiquement que de la graisse et on y lit alors « comme en plein jour » en contraste, par exemple, avec les images obtenues chez une jeune fille de 18 ans. Bien entendu la mammographie est demandée systématiquement devant toute découverte d'une anomalie du sein (nodules, rétraction du mamelon...). Mais cette radio vous est demandée de façon totalement systématique en l'absence de toute anomalie clinique décelée à partir de 40/50 ans.
Que cherchons-nous ? De mini-anomalies qui pourraient témoigner d'un processus cancéreux encore très discret précédant l'éclosion évidente du cancer proprement dit. La mammographie ouvre en particulier la chasse aux « microcalcifications », ces ponctuations claires de la taille d'un grain de sable qui le plus souvent ne témoignent d'aucune pathologie particulière de vos seins mais qui, parfois, inaugurent un tout petit cancer en formation. Il est évident que la mammographie est ici « reine » dans le dépistage de ces infimes anomalies inutile d'attendre de l'examen clinique ou de la palpation de vos seins par vous-même ou votre médecin un quelconque renseignement à ce stade, il n'y a pas de boules perceptibles. Dans le même ordre d'idée, sachez que tout nodule dont le diamètre est inférieur à 1 cm est pratiquement indécelable à la palpation. La mammographie a donc pour objectif de sonner l'alerte alors que le cancer est peut-être déjà là en puissance, mais à un stade où on pourra avoir l'ambition de vous guérir à 100% avec les traitements les moins agressifs possibles. On estime qu'une mammographie tous les deux ans suffit, en l'absence de risques particuliers. Tous les ans, si vous présentez un risque personnel important (cancer du sein familial par exemple).
Comment ?
Le sein est doucement placé entre la plaque de radio (froide) et un élément qui va le presser « gentiment », de telle manière que la radio puisse être prise. C'est la raison pour laquelle il convient de ne pas faire cet examen dans les périodes du cycle où les seins sont tendus et douloureux mais, au contraire, dans la période qui suit les règles.
L'échographie mammaire
De quoi s'agit-il?
C'est un examen effectué grâce à une sonde qui, par émission d'ultrasons, donne des images très intéressantes dans la mesure où la mammographie, parfois, ne parvient pas à donner des images suffisamment parlantes (seins denses et « jeunes » par exemple).
Pourquoi ?
Il n'est pas question de la substituer à la mammographie, dont elle ne peut en aucun cas remplacer l'efficacité. Elle lui est par contre complémentaire, pour définir par exemple si un nodule est « plein » (non liquidien) ou s'il s'agit d'un kyste (boule remplie de liquide). Elle donne, dans certains cas particuliers, des renseignements fort intéressants, voire décèle des images cancéreuses que la mammographie n'avait pas mises en évidence (10% des cas). Mais elle n'a aucun intérêt lorsque les seins sont « radio transparents » (composés en majeure partie de graisse) dans la mesure où la mammographie se suffit à elle-même. Notez que les kystes mammaires (poches liquidiennes) ne sont jamais des cancers, au contraire des nodules « pleins » qui peuvent être soit bénins, soit cancéreux.
Comment ?
Après avoir mis du gel (pour « faire contact ») sur la peau de votre sein, le médecin y promène doucement une sonde qui émet des ultrasons et recueille les images internes de votre sein sur son écran.
Le dépistage du cancer du sein, organisé par les pouvoirs publics, est généralisé sur l'ensemble du territoire depuis 2004. Il concerne les femmes âgées de 50 à 74 ans, invitées à se faire dépister tous les deux ans (mammographie avec double lecture et examen clinique des seins), sans avance de frais.52% des femmes sollicitées ont répondu aux invitations de pratiquer une mammographie en 2010 mais on assiste maintenant à une stagnation du nombre des participantes au programme.
A l'occasion d'Octobre rose, mois dédié au cancer du sein, l'Institut National du Cancer met en place, en lien avec le ministère chargé de la Santé et les régimes d'Assurance Maladie, un dispositif d'information visant à poursuivre le travail de conviction auprès des femmes de la population-cible mais aussi à mobiliser leur entourage. Les proches sont ainsi invités à encourager les femmes de 50-74 ans de leur entourage à participer au dépistage organisé du cancer du sein : « Le dépistage du cancer du sein, parlez-en aux femmes que vous aimez ».
Certains accusent le dépistage de dépister des lésions qui n'auraient jamais créé de cancers et donc de susciter des traitements inutiles.
Notre pays compte 11.300 décès par cancer du sein annuels. Le meilleur argument en faveur du dépistage ce sont les chiffres. Il n'est pas question de sacrifier 11.300 femmes parce qu'elles ne se sont pas fait dépister".
L''hypothèse théorique d'un sur diagnostic est connue, mais cela touche un nombre relativement faible de cancers et ce risque n'est pas caché, il est déjà intégré dans la plaquette d'information aux patientes de la campagne de dépistage national.
Enfin, si on fait un calcul bénéfices/risques, globalement on est plus dans le sous-diagnostic du cancer du sein que dans le surdiagnostic.